Difficile de résumer « le costume bourguignon » tant il existe de nuances. Dans le Beaunois, chaque village – parfois chaque confrérie ! – a longtemps rivalisé de couleurs, de symboles et d’ornements subtils. Aujourd’hui, plusieurs ensembles folkloriques ou sociétés de sauvegarde perpétuent ce savoir-faire précieux, et nombre d’entre eux participent activement aux événements emblématiques du territoire.
La plupart des costumes traditionnels observés lors des événements sont inspirés soit des habits du dimanche portés au XIXe siècle, soit de tenues de travail revisitées pour les fêtes. Quelques repères bien en vue :
On remarque aussi la présence de motifs spécifiquement beaunois, notamment dans les broderies représentant des feuilles de vigne ou des grappes de raisin, clin d’œil à la culture viticole du secteur (source : Musées de Bourgogne).
Les costumes portés par les membres des confréries viticoles sont tout aussi remarquables. On pense à la célèbre Confrérie des Chevaliers du Tastevin (fondée en 1934 à Nuits-Saint-Georges), qui arbore pour les grandes occasions longues robes rouges et capes herminées, médaillons pendus à de larges rubans noirs et sceptre orné de vignes, symboles d’un pan alors rutilant de l’histoire locale.
Aujourd’hui, plus d’une vingtaine de groupes folkloriques ou associations font vivre ces traditions dans le département, selon l’Office du Tourisme de Beaune. Des troupes comme Les Bourguignons de l’Horizon ou La Ronde des Violettes animent bals, défilés et festivals à l’année, souvent en collaboration avec les équipes municipales pour transmettre l’art du costume aux enfants et aux nouveaux habitants.
Impossible d’évoquer la tradition sans parler des musiques qui accompagnent chaque événement phare du terroir. L’accordéon résonne bien sûr sur les places du village, mais la palette d’instruments ne s’arrête pas là…
Selon le Centre d’Etudes Musiques et Danses Traditionnelles (CEMDT), plus de 60% des groupes de musique populaire de Côte-d’Or comprennent encore aujourd’hui au moins un de ces instruments dans leur formation.
Si certains airs populaires sont connus dans toute la Bourgogne, le Beaunois possède ses propres « tubes ». Citons par exemple le Branle du Chêne ou le Branle des Chevriers, souvent repris lors des grands bals populaires de la Saint-Jean. Les paroles sont transmises de bouche à oreille, modernisées à l’occasion, mais la trame demeure. D’autres chansons, moins connues mais tout aussi vivantes, mettent à l’honneur la vigne, la vendange, le vin nouveau…
Il faut signaler le rôle moteur des écoles de musique et des classes “traditionnelles” à Beaune et Nolay : chaque année, une vingtaine de jeunes s’initient à la vielle ou à l’accordéon grâce au partenariat avec Musique en Ouche, et participent activement aux festivals locaux (Source : Ville de Beaune, rapport culture 2022).
Vous croisez ces costumes et entendez ces musiques chaque année dans une série d’événements emblématiques, dont le rayonnement dépasse souvent les frontières du département.
Célébrée depuis 1938 dans un village viticole différent chaque année, cette fête attire entre 30 000 et 50 000 visiteurs selon les éditions (Le Bien Public, 2023). Les membres des confréries défilent en costume d’apparat, la messe est accompagnée de musiques traditionnelles, et le défilé s’achève souvent par un bal populaire où chacun est invité à s’essayer aux danses régionales.
Moins connue du grand public mais très courue des amateurs de vins, la Paulée offre, chaque automne, un écrin à la tradition. Les porteurs de bannières des villages voisins y arrivent en costume, certains membres de la confrérie invitent les convives à entonner des chansons de vendanges, tandis que vielle et accordéon donnent la cadence au repas (source : Paulée de Meursault, programme officiel).
À Meursault, Savigny-lès-Beaune ou Chagny, les fêtes des vendanges sont l’occasion de voir défiler des charrettes décorées, menées par des habitants costumés selon la tradition locale. Les marchés médiévaux, comme celui de Châteauneuf-en-Auxois, voient leurs allées peuplées de faiseurs de musiques anciennes et de danseurs vêtus en habits d’époque.
Contrairement à une idée reçue, traditions et jeunesse ne s’opposent pas toujours dans la région. Plusieurs initiatives témoignent de ce regain d’intérêt :
Costumes et musiques traditionnels ne sont donc pas de simples souvenirs exposés sous vitrine, mais de vraies sources d’inspiration pour la vie culturelle actuelle du Beaunois. Chaque événement, chaque bal ou défilé, chaque atelier renouvelé, prouve que la tradition locale n’a rien d’un folklore figé. Elle évolue, se réinvente à chaque génération, et n’existe vraiment que lorsqu’elle est partagée. À travers les festivals à venir, les fêtes de village ou les rencontres impromptues, le territoire vibre encore d’une énergie collective et conviviale – où la couleur d’un jupon ou le son d’une vielle à roue fédèrent toutes les générations autour de ce patrimoine vivant.