Parades et processions d’hier à aujourd’hui : la vitalité festive du Pays Beaunois

Il serait impossible d’évoquer le Beaunois sans parler de ses fêtes processionnaires, symboles de cohésion et d’identité locale. Ces manifestations trouvent leurs origines au Moyen Âge, époque où processions religieuses et cortèges de corporations s’invitaient dans le calendrier pour rythmer la vie des villages bourguignons (source : Inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel en France).

Si beaucoup de traditions se sont éteintes au fil des siècles, certaines ont traversé le temps en se réinventant. Aujourd’hui encore, on célèbre dans le Beaunois une vingtaine de cortèges ou processions chaque année, qu’ils soient liés à la vigne, à la religion ou à des corporations naguère puissantes.

L’expérience Saint-Vincent Tournante, entre sacré et convivialité

Impossible de parler des processions du Beaunois sans citer la mythique Saint-Vincent Tournante. Chaque année depuis 1938, la région tout entière vibre au rythme de cette fête itinérante, organisée par la Confrérie des Chevaliers du Tastevin (source : tastevin-bourgogne.com).

• Un rendez-vous majeur : Sur deux jours, près de 100 000 visiteurs affluent selon les années, venus déguster les appellations mises à l’honneur (chiffres de la Bourgogne Aujourd’hui, 2023).
• La procession : Les confréries et viticulteurs locaux, en costume traditionnel, portent la statue de Saint Vincent à travers les rues ornées de fleurs et de guirlandes. Chaque étape donne lieu à des chants, des bénédictions et des haltes dans les caves ouvertes pour l’occasion.
• Où la voir ? La Saint-Vincent “tournante” change de village chaque année : Santenay en 2024, Chambolle-Musigny en 2023. La ville de Beaune reçut l’événement en 1997 et à nouveau en 2007.

Outre la grande Saint-Vincent, chaque village vigneron célèbre “sa” Saint-Vincent, sous un format plus intime, mais toujours ponctué d’un cortège et de rituels vivaces.

Anecdote : la statue ballottée d’un clos à l’autre

À Savigny-lès-Beaune, il est de coutume que la statue du saint soit cachée par la famille qui l’accueille pendant l’année, jusqu’au matin du défilé : l’occasion pour tous de deviner où se trouve le précieux secret, avant de le suivre en procession dans les rues !

Autre temps fort du calendrier traditionnel, la Fête-Dieu (Corpus Christi) se manifeste à travers des processions religieuses spectaculaires dans plusieurs communes Beaunoises, dont Puligny-Montrachet et Meursault.

• Déroulé : Des enfants de chœur en habits blancs précèdent le prêtre portant l’ostensoir, suivi de fidèles, ponctuant la route de chants et de stations devant des autels fleuris édifiés de maison en maison.
• Particularité locale : À Meursault, le défilé est ouvert par les vignerons, outils à la main, témoignant du lien indéfectible entre foi et terroir.
• Évolution : Si le nombre de participants s’est réduit depuis l’après-guerre, la tradition subsiste, portée aujourd’hui par les anciens mais aussi par des familles désireuses de transmettre cette mémoire vivante.

La Saint-Jean, célébrée le 24 juin, réunit chaque année autour des feux rituels. Dans les villages autour de Beaune (Bligny-lès-Beaune, Pommard, Montagny-lès-Beaune), la procession débute souvent à la tombée du jour :

• Les enfants descendent en procession, lampions à la main, jusqu’au lieu du bûcher.
• Chants, danses et partage de brioches rythment le cortège.
• Après l’allumage du feu, la soirée se prolonge par des bal populaires.

Cette tradition, héritée des rites païens du solstice, connaît un regain d’intérêt depuis une dizaine d’années grâce aux écoles et associations locales qui redoubent d’ingéniosité pour attirer familles et néo-ruraux (source : “Le renouveau des antiques fêtes de la Saint-Jean dans le Grand Est”, France 3 Bourgogne, 2022).

Le Carnaval de Meursault : chars, satire et rivalités bon enfant

Meursault, connu pour ses vins d’exception, cultive un goût prononcé pour la satire et la fantaisie lors de son carnaval annuel. Héritier du charivari médiéval, ce défilé met en scène :

1. Des chars décorés par quartier, rivalisant d’humour et d’inventivité (certains dépassent une dizaine de mètres !).
2. Des groupes costumés incarnant figures locales, actualités nationales... voire quelques célébrités de la Côte-d’Or.
3. À l’arrivée, un jugement “parodique” du roi du carnaval, souvent un notable incarné par un habitant, suivi de la remise des prix.

Le carnaval est organisé chaque année depuis plus d’un siècle, avec une interruption seulement pendant les deux guerres mondiales.

Balade commentée : participer ou simplement regarder ?

Ces cortèges sont accessibles à tous : petits et grands peuvent s’inscrire auprès des comités de quartier pour défiler, ou se mêler côté public sur le parcours. Les meilleurs points de vue ? Autour de la place de l'Hôtel de ville ou à proximité de la fontaine Saint-Christophe.

À Beaune, la Procession des Bannières, qui remonte au XVIe siècle, fait revivre l’histoire des corporations (tonneliers, tailleurs de pierre, boulangers…). Si elle n’a plus le même éclat qu’autrefois, elle est régulièrement reconstituée lors de grands événements patrimoniaux ou pour marquer l'entrée en fonction de nouveaux membres dans les confréries locales.

• L’anecdote : Chaque bannière, brodée et portée solennellement, représente le métier et la fierté de ceux qui en défilaient autrefois. À l’origine, ces processions étaient parfois l'occasion de régler rivalités et alliances entre corps de métier !
• Bon à savoir : Certaines bannières historiques sont visibles au musée des Beaux-Arts de Beaune, témoins précieux d’un passé artisanal foisonnant.

Si les grands événements attirent la foule, d’autres processions restent plus confidentielles, réservées aux initiés ou aux habitants :

• La retraite aux flambeaux du 14 juillet à Nolay : Un cortège nocturne, entre lampions et fanfare, précède le feu d’artifice. Les enfants, fiers de porter la lumière, perpétuent un geste empreint de symbolisme.
• La marche des Sorbiers à Ladoix-Serrigny : Plusieurs familles se transmettent cette coutume où le chef de famille défile symboliquement jusqu’à la vigne la plus ancienne du domaine pour la bénir, le 1er mai, journée attachée à la fertilité de la terre.

Rencontre avec les porteurs de mémoire

Beaucoup de ces traditions survivent grâce à l’engagement des associations, de la famille ou des témoins du passé. Les sociétés musicales, comme la Fanfare de Pommard ou le Chœur d’enfants de Savigny, jouent un rôle central dans la transmission culturelle. Autant d’occasions d’apprendre, de s’initier ou de transmettre… en marchant, en chantant, en vivant ces rendez-vous typiques.

• Se renseigner : Les offices de tourisme de Beaune et du Pays Beaunois publient chaque année un calendrier des processions et défilés. La plateforme beaune-tourisme.fr recense les principaux rendez-vous.
• Anticiper : Certaines fêtes attirent beaucoup de monde : il est conseillé de prévoir ses déplacements (parking, navettes, horaires des défilés).
• S’immerger : De nombreux villages proposent des ateliers pour apprendre à fabriquer lampions, costumes ou à participer à la décoration des chars.
• Séquiper : Penser à des vêtements adaptés, car les processions se déroulent souvent en extérieur, parfois par tous les temps !
• Respecter les traditions : En tant que spectateurs, applaudir les porteurs, éviter de perturber les cortèges, et surtout… goûter la convivialité : dégustations et banquets accompagnent souvent les fêtes.

Du faste de la Saint-Vincent Tournante aux défilés plus discrets, la tradition processionnaire continue d’animer le Pays Beaunois, tissant chaque année ce fil rouge qui unit résidents et visiteurs à l’histoire, au terroir et aux hommes de la région. Participer à une procession ici, c’est s’offrir une plongée où rites, chansons et rencontres font le cœur d’une Bourgogne authentique – et résolument vivante.

Et vous, quelle est votre procession préférée dans le Beaunois ? Les souvenirs affluent, mais la meilleure façon de s’imprégner reste d’y assister... ou de prendre part : parfois, il suffit d’un lampion, d’un verre partagé ou d’un pas dans la foule pour devenir porteur, à son tour, de cette mémoire collective.