Patrimoine vivant : monuments et histoires qui façonnent le Pays Beaunois

26 juillet 2025

Un joyau de la Bourgogne : les Hospices de Beaune, emblème du patrimoine local

Impossible d’évoquer Beaune sans parler de ses Hospices ! Fondés en 1443 par Nicolas Rolin, chancelier du Duc de Bourgogne, et son épouse Guigone de Salins, ces anciens hospices de charité forment un ensemble architectural gothique flamboyant, reconnaissable à son toit polychrome vernissé de tuiles colorées – une véritable carte postale du patrimoine bourguignon (source : Hospices de Beaune).

  • Un hôpital médiéval : Édifiés en pleine crise post-guerre de Cent Ans, les Hospices accueillaient gratuitement les malades, pauvres, orphelins et vieillards. Leurs salles historiques (dont la célèbre Salle des Pôvres, de 50 mètres de long !) témoignent encore de cette vocation caritative.
  • Un patrimoine artistique d’exception : On y découvre un mobilier d’époque bluffant, mais aussi le polyptyque du Jugement Dernier signé Rogier van der Weyden (XVe siècle), chef-d’œuvre unique en France.
  • Une tradition vivante : Depuis 1859, la vente des vins des Hospices – la plus célèbre vente de charité vinicole du monde – attire chaque année amateurs et professionnels du monde entier. En 2023, 18,2 millions d’euros ont été récoltés en une journée (source : France Bleu).

Les Hospices, c’est l’alliance rare d’un engagement humanitaire médiéval, d’un faste architectural bourguignon et d’une vitalité contemporaine toujours renouvelée chaque automne avec la vente de sa récolte !

Forteresses et demeures seigneuriales : châteaux témoins de l’histoire régionale

Le Beaunois se distingue par une densité de châteaux impressionnante, chacun dévoilant un pan d’histoire locale :

  • Château de La Rochepot : Perché sur un piton rocheux au sud de Beaune, cet édifice du XIIIe siècle, reconstruit à la fin du XIXe, est célèbre pour ses toits vernissés et ses allures de conte de fées bourguignon. Propriété de figures marquantes comme le général Carnot.
  • Château de Meursault : Niché au cœur des vignes, plusieurs fois remanié du XIe au XIXe siècle, il témoigne de la puissance viticole locale. Sa cave voutée de 110 mètres date de 1666.
  • Château de Savigny-lès-Beaune : Une forteresse du XIVe siècle reconvertie en musée aéronautique, qui héberge la plus grande collection privée d’avions de chasse de France, mais aussi de motos anciennes et d’automobiles Abarth !
  • Château de Pommard : Symbole de l’intimité entre vin et patrimoine, ce site du XVIIIe abrite 20 hectares de clos d’un seul tenant, les plus vastes de la Côte de Beaune.

Ces châteaux, souvent privés, sont parfois accessibles lors de festivals, journées du patrimoine ou visites exceptionnelles, offrant alors une plongée unique dans la vie des seigneuries, des grandes familles du négoce et des bâtisseurs atypiques de Bourgogne.

Sur les traces des moines : abbayes et églises qui racontent le passé

Le spirituel n’est jamais bien loin des vignes ! Dès le haut Moyen Âge, abbayes et églises fleurissent dans tout le Pays Beaunois, sculptant le visage des villages et des bourgs.

  • Abbaye de Maizières : Établie au XIIe siècle par des moines cisterciens, elle fut l’une des grandes abbayes-productrices de vin médiévales. Seuls subsistent aujourd’hui de remarquables vestiges gothiques, ouverts à la visite lors de manifestations.
  • Collégiale Notre-Dame de Beaune : Chef-d’œuvre du roman bourguignon (XIIe siècle), étape majeure sur le chemin de Compostelle, son célèbre retable flamand de la Vierge et ses tapisseries du XVe siècle sont des trésors à ne pas rater.
  • Église Saint-Nicolas de Meursault : Typique de la Côte-d’Or, elle combine influences romane, gothique et Renaissance, à l’image du patrimoine composite régional.
  • Église de Saint-Romain : Célèbre pour son clocher octogonal et ses fresques médiévales redécouvertes au XXe siècle.

Ces édifices sont les témoins d’une spiritualité, d’un art et d’une économie du temps des grandes abbayes qui ont façonné l’empreinte vinicole sur terre beaunoise.

Au fil de l’histoire : les périodes qui ont forgé l’identité du Beaunois

Impossible de comprendre le Pays Beaunois sans revisiter ses grandes ères historiques, véritables fondations de son patrimoine actuel :

  • L’Antiquité gallo-romaine : Beaune, alors appelée Belena, occupe une position stratégique sur la voie romaine d’Autun à Chalon.
  • Le Moyen Âge : C’est l’apogée médiévale, avec la construction de remparts (dont certains vestiges sont encore visibles), de portes fortifiées et l’essor des hospices et abbayes.
  • L’ère ducale bourguignonne : Sous les Ducs de Bourgogne, Beaune devient une place de négoce clé et s’enrichit culturellement et artistiquement.
  • Le XVIIe et le XVIIIe siècles : La ville s’embellit de demeures fastueuses (hôtels particuliers du centre et hôtels de vignerons) et d’imposantes halles de marchés.
  • L’époque contemporaine : Beaune s’affirme autour de la culture viticole et de l’œnotourisme, tout en préservant jalousement son patrimoine.

Chaque période a laissé sa marque, que ce soit les caves gallo-romaines sous les vignes ou l’alignement parfait des toits du centre historique – autant de strates à lire lors d’une balade attentive !

Des fondations antiques : où admirer les vestiges gallo-romains ?

Le passé gallo-romain du Beaunois est souvent discret, mais quelques sites éveillent la curiosité :

  • Remparts antiques de Beaune : Certaines portions du centre conservent l’assise des murailles d’origine romaine, réemployées et surélevées au fil des siècles (notamment du côté de la Porte Saint-Nicolas).
  • La cave des Hospices : Lors des travaux, des vestiges d’habitations gallo-romaines et de mosaïques y ont été mis au jour (source : DRAC Bourgogne-Franche-Comté).
  • Musée des Beaux-Arts de Beaune : Outre sa superbe collection de peintures, il conserve stèles, céramiques et objets archéologiques de l’époque gallo-romaine trouvés dans le secteur.
  • Le site de Bouze-lès-Beaune : Identifié par les archéologues pour ses enceintes et voies antiques, visibles surtout depuis les airs.

À l’échelle du vignoble tout entier, on trouve aussi d’antiques traces dans le cadastre, les “clos” ayant parfois la même emprise que certaines parcelles antiques !

Une histoire gravée dans la pierre : évolution du patrimoine architectural beaunois

Le centre de Beaune est un livre ouvert sur l’histoire de l’architecture : du XIVe au XXe siècle, styles et matières se succèdent, pour offrir l’un des ensembles urbains les mieux préservés de Bourgogne.

  • Les toits vernissés : Signature régionale, ces toitures apparues au XVe siècle offrent un patchwork de couleurs vives et de formes géométriques inédites en France.
  • Les hôtels particuliers : Affichant tourelles, escaliers en vis et cours intérieures, ils rappellent la prospérité du négoce beaunois aux XVIIe et XVIIIe siècles (comme l’Hôtel Boussard de la Chapelle ou l’Hôtel des Ducs de Bourgogne).
  • Les caves voûtées : Certaines caves de marchands de vins descendent jusqu’à 10 mètres sous terre et s’étendent sur plusieurs kilomètres, un record français (source : Beaune.fr).
  • Les remparts : L’enceinte urbaine est aujourd’hui encore quasi complète sur presque 2 km de longueur, avec ses tours, portes d’entrée et bastions.

La mosaïque de styles – roman, gothique, Renaissance, classique, art nouveau – fait de Beaune une référence pour les amateurs comme pour les architectes !

Patrimoine mondial de l’UNESCO : que voir dans le Beaunois ?

Depuis 2015, les Climats du vignoble de Bourgogne sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Ces « climats » (au sens local : parcelles de vignes précisément délimitées depuis le Moyen Âge), sont 1247, dont une grande partie se trouvent sur les terres du Pays Beaunois, notamment autour de Beaune, Pommard, Meursault, Savigny-lès-Beaune ou encore Puligny-Montrachet (source : UNESCO).

  • Ce qui est classé : Les paysages viticoles, les murets, les cabottes (cabanes de vignerons en pierre sèche), le clos de la Romanée-Conti et plusieurs villages prestigieux du Beaunois sont compris dans cet ensemble.
  • A voir absolument :
    • La Montagne de Corton, seul secteur de Bourgogne à produire à la fois grands crus rouges et blancs sur la même colline.
    • Les clos historiques de Pommard et de Meursault, avec leur topographie exceptionnelle et la finesse des murets qui les ceinturent.

Il s’agit d’un classement international rare : seulement 1092 sites dans le monde bénéficient de cette reconnaissance, soulignant l’exception de la mosaïque culturale, historique et humaine du vignoble beaunois.

Secrets et anecdotes du centre ancien de Beaune : ce que vous ignorez sûrement

  • La fontaine aux lépreux : Rue Rousseau-Deslandes, une petite fontaine en pierre était autrefois réservée aux lépreux de la ville, qui ne pouvaient utiliser l’eau des puits communs !
  • Les caves-refuges : Sous certaines maisons médiévales, des caves servaient de refuges fortifiés (les « cachots ») en cas d’attaque. Certaines sont encore accessibles lors de festivités ou de visites privées.
  • Légende du mur du sang : Non loin de la Tour des Dames, une tâche rouge tenace sur l’ancienne muraille est attribuée à une exécution de la Ligue catholique en 1590… mais selon les guides, il s’agirait de lichen qui pousse depuis cette époque !
  • Les cadrans solaires oubliés : Plusieurs façades médiévales arborent encore des cadrans solaires du XVIIe siècle, invisibles à l’œil pressé des visiteurs.
  • La maison du vigneron clandestin : Rue de Lorraine, une maison à l’architecture atypique a servi de repaire à un vigneron clandestin pendant la Révolution, cultivant illégalement une vigne “de contrebande” sur ses toits plats selon la tradition orale locale.

Le centre ancien de Beaune est truffé de passages secrets, de légendes urbaines et d’histoires de résistance ou de solidarité qui continuent d’inspirer habitants et visiteurs curieux.

À voir, à ressentir : le Pays Beaunois et l’aventure du patrimoine

Le Pays Beaunois, c’est une terre de contrastes où l’histoire se vit plus qu’elle ne se contemple. Impossible de résumer l’expérience à une simple balade : il s’agit d’oser franchir la porte d’une cave séculaire, d’écouter les récits d’un guide passionné lors d’une ouverture exceptionnelle, de lever les yeux sur un toit vernissé sous le soleil du soir, ou de parcourir une parcelle de “climat” qui fait la fierté de tout un peuple. Inépuisable, la quête du patrimoine ici n’est jamais figée : chaque saison, chaque événement ajoute une nouvelle page au grand livre du Beaunois.

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