Festivités gourmandes en Beaunois : immersion dans les traditions culinaires qui rythment les fêtes locales

2 octobre 2025

Une gastronomie qui pulse au rythme des fêtes : contexte et héritages

Dans le Beaunois, la cuisine n’est pas un simple à-côté : elle est le fil rouge de chaque rencontre, une composante essentielle des rituels et festivités. Si, selon l’Observatoire régional du tourisme de Bourgogne-Franche-Comté, la moitié des visiteurs évoquent la gastronomie dans leurs motivations de voyage (source : Observatoire régional du tourisme), ce n’est pas un hasard. Ici, il existe une vraie tradition de convivialité, tissée de repas de fête, où chaque saison et chaque village a ses spécialités de prédilection.

  • Des tables généreuses : Les fêtes sont l’occasion de banquets parfois gigantesques – plus de 8000 convives à la Paulée de Meursault en 2023 !
  • Une économie locale dynamique : Lors des grands événements, les filières locales (carnés, maraîchers, fromagers…) voient leur production bondir, les chambres d’agriculture estimant une hausse de la consommation de 25% sur certains produits durant les saisons festives (Chambre d’Agriculture de Côte-d’Or).

Mais derrière ces chiffres se cachent des histoires : chaque plat a ses légendes, chaque rituel culinaire ses initiés, et c’est souvent lors de ces fêtes que la tradition se transmet, des anciens aux petits nouveaux.

Saint-Vincent Tournante : célébration du vin… mais aussi de la bonne chère !

C’est la plus célèbre des fêtes du vin en Bourgogne – et dans le Beaunois, la Saint-Vincent est un rendez-vous mythique, où chaque village viticole se prête l’organisation à tour de rôle. Si le vin attire tous les regards, la table n’est jamais bien loin. D’ailleurs, il suffit de se perdre au détour d’une ruelle décorée de pampres pour croiser une longue file devant une vente de gougères ou de jambon persillé...

  • La gougère, reine des apéritifs : Cette petite chouquette salée au fromage, star des apéritifs, se compte en dizaines de milliers de bouchées distribuées le week-end de la Saint-Vincent. En 2024 à Morey-Saint-Denis, 350 kilos de pâte à gougères ont été cuisinés sur place !
  • Jambon persillé, la tradition “des grands soirs” : Plat emblématique des tables beaunoises en fête, il s’agit d’une terrine de jambon mijotée, liée à la tradition des foires et banquets populaires. On le déguste froid, accompagné de petits cornichons, parfois d’une salade de « cramique » (pain brioché local).
  • Fromages du terroir : Au cœur de la fête, impossible de manquer les plateaux géants de Délice de Pommard, d’Époisses, ou de Cîteaux : ils incarnent la générosité de la Bourgogne et sont souvent mis en avant à travers des dégustations gratuites.

Au fil des années, des concours de recettes ou « challenges du meilleur pâté en croûte » ont même vu le jour. L’édition 2022 à Puligny-Montrachet a d’ailleurs vu un pâtissier local, Julien Bernard, réaliser une revisite du jambon persillé avec une herbe secrète – un mystère dégusté par plus de 800 participants !

La Paulée de Meursault : banquet, fraternité… et plaisirs de la table

Si la Paulée de Meursault, clôture traditionnelle des Trois Glorieuses (fêtes vigneronnes mythiques du Beaunois), est connue pour son ambiance chaleureuse, c’est aussi l’une des plus grandes démonstrations culinaires de la région. Ici, le banquet prend le dessus, réunissant restaurateurs étoilés, amateurs de bon goût et passionnés autour d’un menu qui change chaque année, tout en honorant les classiques.

  • Des recettes « patrimoniales » :
    • Œufs en meurette (œufs pochés au vin rouge, sauce réduite, lardons) : un incontournable chaque année.
    • Bœuf bourguignon, un symbole. En 2023, les cuisines du Château de Meursault ont préparé 220 kilos de viande pour l’occasion.
    • Escargots à la bourguignonne : 40 % de la production annuelle régionale est consommée entre novembre et janvier, période des fêtes (Bourgogne Franche-Comté Tourisme).
  • Pâtisseries et desserts du pays :
    • Les nonnettes au miel (petits gâteaux épicés, souvent proposés façon “digestif”).
    • Tarte à la “vigne” (aux raisins noirs) ou poires pochées au vin, des classiques déclinés selon l’inspiration des chefs invités.

Les discussions de table sont intenses, et il paraît que certaines amitiés se font… autour d’un supplément de sauce meurette partagé ! Anecdote : en 2016, un restaurateur a improvisé une meurette « minute » face à une rupture de stock en cuisine — le début d’une nouvelle tradition, paraît-il.

Les banquets populaires de la Saint-Jean et autres fêtes de village

Si les festivités viticoles sont les plus visibles, la vie du Beaunois est rythmée par d’innombrables fêtes de village, courées par les familles du coin. Ici, la simplicité est reine, mais la générosité reste la règle.

  • Barbecue géant et bœuf à la broche : Autour du 24 juin (Saint-Jean), la tradition du feu de joie s’accompagne, à Savigny-lès-Beaune ou Chorey-lès-Beaune, de bœufs à la broche cuits pendant 12 heures (!), parfois arrosés au vin local.
  • Pain cuit au four communal : Chaque année, certains villages ressortent, le temps d’un week-end, le vieux four à bois pour y cuire une fournée géante. Le pain, distribué gratuitement ou contre une pièce, accompagne fromages, rillettes de Lapin ou terrines familiales.
  • Boudin noir et andouillettes : Durant les fêtes patronales, boudin noir, andouillettes et tripes sont plébiscités. La production locale de charcuterie atteint alors son pic, notamment à l’approche des “repas des aînés”, où il n’est pas rare de voir passer 400 à 600 mètres de boudin dans la journée (données FFCC).

Un petit clin d’œil à la fête du pain et du blé à Bligny-lès-Beaune, où la tarte à la “brayette” (à la crème et au sucre) fait un carton, tout comme les palets à l’anis au marché gourmand.

Quand les associations reprennent les fourneaux : focus sur les bénévoles et leurs recettes secrètes

Derrière ces festins collectifs, il y a des dizaines de bénévoles. Les « mères de village », les sociétés de Saint-Vincent, les associations sportives ou caritatives sont souvent en cuisine, à perpétuer les secrets familiaux.

  • Transmission et fierté : Pour la Saint-Vincent de Nolay en 2023, la célèbre Charlotte P. a confié avoir utilisé la recette de saupiquet de son arrière-grand-mère, “réservée à la fête du village seulement.”
  • Rôle des confréries gastronomiques : La Confrérie des Chevaliers du Tastevin œuvre à la protection des traditions culinaires et à la diffusion de recettes authentiques, en organisant concours et ateliers lors des fêtes.
  • Une implication locale massive : Plus de 120 bénévoles étaient mobilisés pour le banquet de la fête du Clos Vougeot en 2022, selon le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne.

Des anecdotes ne manquent pas : à Pommard, lors de la fête des vendanges, c’est le doyen du village qui lance chaque année la cuisson du gratin de pommes de terre à la crème, « à l’œil ». Les recettes exactes, elles, restent souvent dans la mémoire collective, transmises oralement.

Influences modernes et revivals : quand les traditions se réinventent

Si la tradition reste forte, les fêtes locales ne cessent d’innover. Depuis une dizaine d’années, de nouveaux venus insufflent une touche de créativité et de modernité.

  • Marchés gourmands et food trucks : Les marchés de la Saint-Vincent voient désormais arriver food trucks spécialisés dans les encornets persillés, burgers de Charolais ou cuisses de grenouilles façon "street-food".
  • Valorisation des produits bio et circuits courts : Plusieurs fêtes mettent à l’honneur les maraîchers et éleveurs locaux, permettant aux visiteurs de (re)découvrir légumes anciens, farines de blé du pays et boissons artisanales (source : Destination Saône-et-Loire).

La fête du Crémant de Bourgogne à Savigny-lès-Beaune, quant à elle, intègre désormais un concours du “meilleur accord crémant-gougères”, ouvert même à la génération des cordons-bleus en herbe ! Un joli clin d’œil à la vitalité d’un terroir qui n’a pas fini de surprendre.

Au fil des saisons, un patrimoine vivant à savourer

Dans le Pays Beaunois, chaque fête est prétexte à transmission, partage et découverte. La tradition culinaire ne cesse de se réinventer, entre respect d’un passé gourmand et ouverture aux envies nouvelles. Impossible de ne pas être pris au jeu – et peut-être aussi de repartir avec, au fond de la poche, la carte d’un petit vigneron ou la recette manuscrite d’un gratin ou d’une meurette… À tester, chez soi, en attendant la prochaine fête !

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